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Développement durable et crise de la représentation / Cécile RENOUARD in Études, 4184 (Avril 2013)
[article]
Titre : Développement durable et crise de la représentation Type de document : texte imprimé Auteurs : Cécile RENOUARD, Auteur Année de publication : 2013 Article en page(s) : 473-484 p. Langues : Français Mots-clés : Développement durable Résumé : Nos sociétés ont et auront toujours plus besoin des compétences pointues des experts pour contribuer à résoudre les défis d'une mutation vers de nouveaux modèles de production, de consommation et de vie. Mais nous voyons bien que les enjeux actuels ne relèvent pas seulement des décisions éclairées de spécialistes, concernant le climat, l'aménagement du territoire, le financement de la transition énergétique. Les décisions relèvent d'abord de choix politiques, et méritent d'être largement débattues dans l'espace public, en faisant intervenir des critères de discernement éthique.
Lorsque les aspects techniques, éthiques et politiques s'entremêlent étroitement, comment régler les choix collectifs ? Les propos entendus il y a deux mois à Perth lors d'une conférence internationale de pétroliers sur les sujets HSE (Health, Security, Environment) sont significatifs du conflit entre la rationalité technoscientifique adossée à des impératifs financiers et la rationalité symbolique, en quête d'éthique et de sens : officiellement, un discours est tenu en faveur de l'exploitation indéfinie la plus responsable possible des gaz et pétrole de schiste, pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l'humanité ; et officieusement, une reconnaissance par les dirigeants des impasses de nos modèles de croissance : " nous allons dans le mur ", me disait-on, cette reconnaissance étant immédiatement assortie de " je ne devrais pas vous dire cela " ou " surtout ne dites pas que je vous ai dit cela ". Il y a donc une contradiction entre une conscience professionnelle et personnelle des problèmes et un refus collectif de s'interroger sur les finalités et sur les moyens dès lors qu'ils diminuent les perspectives de gains financiers. En arrière-fond, l'absence du politique est frappante - une absence qui apparaît comme un défaut de représentation politique aux deux sens du terme : une absence de représentations communes des projets de société à construire ; une absence de représentation politique pertinente des intérêts collectifs à long terme.
Nous assistons aujourd'hui à une double reconnaissance des tensions, voire des impasses, du libéralisme tel qu'il s'est développé depuis deux siècles : d'un côté, l'hypertrophie d'une approche économiciste, managériale et technicienne, des problèmes ; de l'autre l'incapacité des institutions politiques libérales à prendre en charge les problèmes posés par nos sociétés. Il faut remonter plus loin, creuser pour analyser les ressorts éthiques, voire métaphysiques qui concernent les finalités que nous nous donnons et qui permettent de repenser une juste place de l'expertise, au service de projets politiques capables de prendre en charge un nouveau rapport à l'espace et au temps. C'est ce qu'il est possible de désigner comme une nouvelle approche de la représentation - à la fois comme représentation sociétale et comme mode de représentation politique. Il en découle alors, peut-être, une vision renouvelée du développement et des modèles économiques à promouvoir.
Les propos qui suivent abordent les enjeux d'une représentation politique élargie avant de s'interroger sur la nature des représentations sociétales à promouvoir, afin de favoriser une utopie transformatrice.
in Études > 4184 (Avril 2013) . - 473-484 p.[article] Développement durable et crise de la représentation [texte imprimé] / Cécile RENOUARD, Auteur . - 2013 . - 473-484 p.
Langues : Français
in Études > 4184 (Avril 2013) . - 473-484 p.
Mots-clés : Développement durable Résumé : Nos sociétés ont et auront toujours plus besoin des compétences pointues des experts pour contribuer à résoudre les défis d'une mutation vers de nouveaux modèles de production, de consommation et de vie. Mais nous voyons bien que les enjeux actuels ne relèvent pas seulement des décisions éclairées de spécialistes, concernant le climat, l'aménagement du territoire, le financement de la transition énergétique. Les décisions relèvent d'abord de choix politiques, et méritent d'être largement débattues dans l'espace public, en faisant intervenir des critères de discernement éthique.
Lorsque les aspects techniques, éthiques et politiques s'entremêlent étroitement, comment régler les choix collectifs ? Les propos entendus il y a deux mois à Perth lors d'une conférence internationale de pétroliers sur les sujets HSE (Health, Security, Environment) sont significatifs du conflit entre la rationalité technoscientifique adossée à des impératifs financiers et la rationalité symbolique, en quête d'éthique et de sens : officiellement, un discours est tenu en faveur de l'exploitation indéfinie la plus responsable possible des gaz et pétrole de schiste, pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l'humanité ; et officieusement, une reconnaissance par les dirigeants des impasses de nos modèles de croissance : " nous allons dans le mur ", me disait-on, cette reconnaissance étant immédiatement assortie de " je ne devrais pas vous dire cela " ou " surtout ne dites pas que je vous ai dit cela ". Il y a donc une contradiction entre une conscience professionnelle et personnelle des problèmes et un refus collectif de s'interroger sur les finalités et sur les moyens dès lors qu'ils diminuent les perspectives de gains financiers. En arrière-fond, l'absence du politique est frappante - une absence qui apparaît comme un défaut de représentation politique aux deux sens du terme : une absence de représentations communes des projets de société à construire ; une absence de représentation politique pertinente des intérêts collectifs à long terme.
Nous assistons aujourd'hui à une double reconnaissance des tensions, voire des impasses, du libéralisme tel qu'il s'est développé depuis deux siècles : d'un côté, l'hypertrophie d'une approche économiciste, managériale et technicienne, des problèmes ; de l'autre l'incapacité des institutions politiques libérales à prendre en charge les problèmes posés par nos sociétés. Il faut remonter plus loin, creuser pour analyser les ressorts éthiques, voire métaphysiques qui concernent les finalités que nous nous donnons et qui permettent de repenser une juste place de l'expertise, au service de projets politiques capables de prendre en charge un nouveau rapport à l'espace et au temps. C'est ce qu'il est possible de désigner comme une nouvelle approche de la représentation - à la fois comme représentation sociétale et comme mode de représentation politique. Il en découle alors, peut-être, une vision renouvelée du développement et des modèles économiques à promouvoir.
Les propos qui suivent abordent les enjeux d'une représentation politique élargie avant de s'interroger sur la nature des représentations sociétales à promouvoir, afin de favoriser une utopie transformatrice.